UN FONDS PAR ET POUR LES LUTTES

Le constat est largement acquis : la situation sociale et politique, au niveau français mais aussi plus globalement, à une échelle européenne et internationale est on ne peut plus préoccupante. Droit de l’environnement et droits sociaux subissent des attaques sévères et sans précédent. En outre, l’inflation et la réduction des subventions publiques portent des coups cruels aux finances du secteur associatif.

Dans ce contexte, le Fonds des Luttes, fonds de dotation totalement indépendant des financements publics, nous a semblé, à sa création en 2022, et d’autant plus aujourd’hui, un outil essentiel à mettre au service des luttes.

Ce sont plus de 700 collectifs qui se mobilisent en effet au quotidien contre l’implantation d’un projet imposé et polluant sur leur territoire. Ainsi les extensions d’aéroport, entrepôts logistiques, projets routiers, d’agriculture industrielle ou de bétonisation trouvent face à eux une opposition de plus en plus systématique et organisée. Les collectifs se structurent en coalitions thématiques contre des projets aéroportuaires, routiers, d’agriculture industrielle, énergétiques, mais aussi des coalitions inter-collectifs régionales, des coordinations et réseaux de soutien qui s’adossent aux luttes un peu partout et créent tout à la fois des dynamiques sociales locales dans et en appui aux luttes sociales environnantes, comme les inter-cantines, mutuelles de matériel, réseaux de soin militant …

Le Fonds des luttes se veut un appui financier pérenne et régulier, exhaustif pour l’ensemble de ces dynamiques.

RETOUR SUR

TROIS ANNÉES DU FONDS

DES LUTTES

Le Fonds parvient au terme de sa troisième année d’existence, avec une plus d’une soixantaine de demandes à son actif, près d’une cinquantaine de soutiens accordés à une grande diversité de dynamiques de mobilisation et structuration des luttes.

L’attachement de Terres de Luttes, à la création du Fonds, à ce que celui-ci soit représentatif et porté par les luttes est pleinement atteint, avec une vingtaine de membres représentant une dizaine de coalitions de luttes, qui siègent au conseil d’administration mensuellement afin d’examiner attentivement les demandes reçues, selon des règles révisées collectivement et rigoureusement appliquées afin de garantir la plus grande équité possible entre les demandes.

Si l’objectif initial et primordial durant ses deux premières années d’existence, était pour le Fonds de soutenir des coalitions de lutte contre des projets nuisibles à l’environnement et imposés aux populations locales, depuis l’année passée, l’objet s’est étendu à ce qui fait soutien aux luttes dans leur action, ce que nous avons appelé les réseaux outils ou de soutien, qui nourrissent, apportent un soutien logistique, soignent et épaulent les collectifs dans leur action quotidienne et leur permettent de durer.

Depuis les dernières élections législatives, la nécessité de penser écologie et social, préservation des environnements naturels et des écosystèmes de vie comme un tout indissociable, s’est d’autant plus imposée dans la façon dont les collectifs se pensent en lutte, et le Fonds des luttes a souhaité s’en faire l’écho, en portant une attention appuyée à ces réseaux de soutien, tout en leur ouvrant une place à part entière dans son conseil d’administration.

UN SOUTIEN À DOUBLE-SENS

Cette dernière année 2025, le Fonds a commencé à récolter les fruits de son travail de visibilisation en tant qu’outil financier incontournable et essentiel aux luttes.

 Après une première campagne de levée de fonds à l’automne 2024, en quelques mois, le Fonds a pu lever près de 12 000 euros en dons ponctuels et assurer 600 euros de dons mensuels, couvrant ainsi près d’un tiers de son budget annuel. Un beau succès pour une modeste première opération de communication qui est reproduite cet hiver de façon plus ambitieuse.

Enfin, à l’issue du festival des Résistantes 2023 et celles de l’année 2025, une part importante des bénéfices résultant de l’événement offrent au Fonds de se projeter sur le moyen terme, sans urgence à solliciter de nouveaux soutiens financiers depuis celui initial de la Fondation pour les Progrès de l’Homme.

À terme, le Fonds ambitionne néanmoins d’assurer son roulement annuel avec les seuls appels à la générosité publique et garantir ainsi son indépendance, mais aussi sa pérennité et sa capacité à projeter son action sur le plus long terme, par l’appel prioritaire à dons réguliers. Cela permettant alors d’investir les apports exceptionnels dans un élargissement de son action à un nombre croissant de sollicitations.

LUTTES ET COLLECTIFS SOUTENUS

Le Fonds a financé un large éventail d’actions de structuration, de mobilisations.

LUTTES ET

COLLECTIFS

SOUTENUS

Parmi les différents besoin de soutien auxquels le Fonds des luttes a pu répondre, il y a de nombreuses demandes afin d’assurer des rencontres entre collectifs.

Des week-end d’organisation …

  • En janvier 2025, les rencontres Route and Béton ont réuni des centaines de personnes dans des discussions et réflexions sur la mobilisation autour du complexe industriel de la production de béton et bitume en lien avec les projets routiers.
  • En avril, la Coalition des Jardins populaires a pu organiser ses rencontres nationales.
  • En mai les Greniers des Soulèvements ont réuni plus d’une douzaine de collectifs de toute la France sur un moment de structuration et de partage collectif des pratiques maraîchères.
  • En 2024, la coalition des Résistances Aux Fermes Usines (RAFU) a pu se réunir lors d’un week-end rassemblant plus d’une dizaine de collectifs en lutte partout sur le territoire contre des projets de fermes usines. La coalition a pu y peaufiner son plan d’action permettant d’allier plaidoyer avec une rencontre retentissante à l’Assemblée Nationale et mobilisation le 17 octobre 2024.
  • La coalition de la Déroute des routes a organisé une rencontre permettant à plus d’une vingtaine de collectifs d’échanger et de poser les jalons d’une campagne de mobilisation qui a duré tout l’automne 2023.
  • Les luttes forestières ont elles aussi demandé un financement pour leur deuxième rencontre nationale, permettant notamment de relancer la coalition qui avait vu son activité ralentir ces dernier mois.
  • Les luttes contre les carrières ont reçu un financement pour leur première rencontre de coalition et s’organiser sur le temps long.
  • C’est le cas aussi d’un collectif international Stop Croisières dont la rencontre se tenait à Marseille en 2024.
  • Mais aussi de réseaux de soutien aux luttes comme le réseau Mutin-es qui met les thématiques du soin au coeur de nos luttes, actions et événements.

mais aussi des rencontres de plus grandes ampleurs

  • Le Fonds des luttes a financé en 2023 ainsi qu’en 2025 les rencontres des Résistantes qui ont rassemblé près de 7500 personnes sur 4 jours au Larzac puis dans l’Orne autour de près de 200 temps de programmation musicaux, artistiques, d’ateliers et conférences. L’événement a aussi mobilisé deux milliers de bénévoles sur le moment, des centaines en amont, offrant ainsi un lieu précieux d’apprentissage et partage de savoirs et pratiques.
  • Le financement des Greniers des Soulèvements, de la mutuelle de matériel de Bure, des inter-cantines du sud-ouest, ont aussi apporté un soutien indirect mais déterminant dans l’organisation de mobilisations dans le sud-ouest, l’ouest et l’est de la France.
  • En mars 2025, un colloque international a réuni à Grenoble près de 3000 personnes autour des conséquences environnementales de la production des semi-conducteurs à l’initiative de l’inter-collectif STOP MICRO.
  • En mai et juin, les coalitions Stop Bitume, Déroute des Routes et Inter-CCLT ont mobilisé des milliers de personnes dans les évènements festifs et de rencontres des Déroutantes et Gare’O’Tunnels, autour de l’A69 et du projet ferroviaire du Lyon-Turin.
  • En juillet et septembre, le festival HARO à la Hague et les rencontres de la Grande Déroute, ont ouvert des espaces de discussion, festifs et d’organisation autour de l’extension de l’entreposage des déchets nucléaires et du projet routier de l’A154-A120.
  • Les rencontres paysannes à Bure qui permettent des liens toujours renforcés entre nos collectifs et les luttes agricoles ont rassemblé des centaines de personnes durant 10 jours au cours du même été 2023.
  • Enfin le Fonds des luttes a participé à financer le Village de l’eau à l‘été 2024 qui a aussi réuni des milliers de personnes et collectifs autour de dizaines de thématiques de lutte nationales mais également internationales lors de 4 jours rythmés par des formations et conférences.

Le Fonds des luttes a aussi été un pilier pour les réseaux de soutien aux luttes, ces réseaux plutôt récents, rassemblent des militant.es autour de compétences ou d’une activité qui est support et essentielle à la lutte quotidienne contre les projets imposés et polluants.

  • Une enquête sur les violences policières commises dans le contexte des mobilisations de Sainte-Soline et portée par le collectif Flagrant Déni a reçu un soutien du Fonds en mars 2025.
  • La mutuelle de matériel de Bure, la Matmouth, a ainsi pu faire l’acquisition d’un camion au mois d’avril et le mettre au service des événements militants dans l’est et l’ouest de la France tout au long de l’été.
  • Le collectif PFIOUU constitué pour apporter un soutien émotionnel aux militant-es éprouvées par les dernières mobilisations, parfois d’une rare intensité, s’est vu quant à lui financer un séjour de soin collectif, de réflexion et de rencontre au mois d’août.
  • En 2023 et 2024, des réseaux de soin militant, de veille, des inter-cantines avaient déjà pu bénéficier d’un appui direct du Fonds à leur constitution.
  • Ainsi sur divers plans le Fonds des luttes a pu financer la coalition des Naturalistes des Terres, un groupe rassemblant près d’une centaine de naturalistes au service des luttes, permettant, des inventaires, des formations, mais aussi d’étayer les recours juridiques si précieux aux luttes. Grâce au fonds des luttes les Naturalistes des Terres ont pu développer des outils et des moyens pertinents d’action.
  • De la même façon le fonds a pu financer une rencontre sur la thématique du soin dans nos luttes, une préoccupation qui touche au coeur de la résilience des luttes dans des contextes parfois éprouvants et risqués de lutte.
  • En épaulant les rencontres paysannes à Bure ou les Résistantes sur le Larzac à l’été 2023, des événements essentiels et structurants pour penser nos luttes, notamment en lien avec les travailleur-euses de la terre et dans une articulation toujours plus forte entre défense des terres et agriculture paysanne, le Fonds a permis à des réseaux nourriciers des luttes de se constituer, se renforcer. C’est dans cette même optique que le fonds a aussi soutenu la dynamique des greniers des soulèvements qui vise à établir un réseau paysan de soutien aux luttes sur tous les territoires.
  • Ces évènements ont aussi permis de structurer et renforcer des collectifs et réseaux logistiques comme les mutuelles de matériel qui soutiennent les luttes par une mise à disposition de structures, outils et matériels souvent coûteux à obtenir autrement.
  • Le Fonds des luttes a participé au lancement d’un réseau de cantine du sud ouest, ce réseau a pu se lancer à l’occasion des Résistantes, en fournissant pas moins de 18 000 repas aux personnes venues de toute la France participer aux rencontres des luttes locales. Sur cette même thématique cantinière, le Fonds a soutenu la réalisation d’un atelier collectif de fonderie afin qu’un réseau international de cantine puisse auto-produire casseroles et autres ustensiles essentiels au ravitaillement de nos luttes.

Enfin, et pour la première fois de son existence, le Fonds des Luttes a  débloqué des petites enveloppes de son fonds d’urgence, de façon exceptionnelle, pour appuyer des collectifs en nécessité immédiate dans le cadre de leurs mobilisations.

Six demandes ne rentrant pas dans les critères et l’objet de financement du Fonds se sont malheureusement vu opposer un refus, le Fonds ayant dans la mesure du possible suggéré d’autres pistes de financement ou redirigé vers des coalitions susceptibles d’appuyer une demande ultérieure recevable. Actions juridiques, de solidarité aux migrant-es, collectifs isolés, médias indépendants ont ainsi été redirigés vers d’autres structures de financement amies.

LE FONDS EN CHIFFRES

En novembre 2025 le Fonds avait réparti 32 410 euros pour 16 demandes adressées par ou via

Fonds des Luttes

En décembre 2024 le Fonds a réparti 49 840 euros pour 17 demandes adressées par ou via

Fonds des Luttes

En 2023 le Fonds a réparti 38000 euros pour 19 demandes adressées par ou via

Fonds des Luttes